Un gendarme tué en Guadeloupe
Le Libre Journal n° 372 du 3 mars 2006, page 6.
Pendant que le grand guignol gouvernemental gesticulait en cadence de la Bastille à la Nation aux ordres de La Communauté mobilisée par l’assassinat d’Ilan Halimi qui, tout bien considéré est mort moins de l’antisémitisme que du piège tendu par une putain au service des maquereaux de la libération des mœurs On dit qu’attiré par une rabatteuse qui lui promettait des heures de délices amoureuses, le jeune homme a été victime du fantasme antisémite selon lequel les Juifs sont riches. A-t-on jamais soupçonné les ravisseurs du baron Empain d’être mus par le racisme anti-belge ? Et d’ailleurs, qui, sinon la propagande socialiste a ancré dans les esprits l’idée toute marxiste qu’un riche mérite ses malheurs parce que, justement, il est riche donc, forcément, malhonnête ?, le pays était maintenu dans l’ignorance de la mort d’un jeune militaire en service outre-mer. Il est vrai que Raphaël Clin n’appartenait à aucune communauté protégée et n’était défendu par aucune minorité stridente. Gendarme, il a simplement trouvé la mort dans un département français où le racisme anti-blanc s’exprime depuis des années en toute impunité avec la complicité de toutes les institutions politiques et judiciaires : la Guadeloupe et, plus précisément, l’île de Saint-Martin. Cette mort n’a ému ni Chirac, ni Villepin, ni Alliot-Marie qui n’ont songé qu’à étouffer le drame et, sans l’arme formidable de l’internet qui ridiculise la censure des médias à la botte, elle serait restée ignorée. Voici, en quelques témoignages bruts reçus par courriel ce qui se passe au quotidien dans ce coin de France en proie au racisme anti-blanc.
Ils chantaient : « On a buté un blanc ! »
Il est des images de petits paradis tropicaux qui ne résistent pas à la réalité locale. L’île de Saint-Martin (Guadeloupe) vient d’être touchée par un drame. Dimanche matin 12 février, alors qu’une patrouille de gendarmerie (deux militaires) vient tenter de faire cesser une course sauvage de véhicules, Raphaël Clin, gendarme, est violemment percuté par un motard roulant à très vive allure. Alors qu’il agonise sur la route et que son collègue demande de l’aide à la quarantaine de spectateurs présents, personne n’intervient. Pire, les insultes fusent…, certains crient « victoire, un gendarme à terre ! »
La tension est telle que le second gendarme se saisit de l’arme de service de Raphaël, afin que personne ne puisse l’utiliser à son encontre.
À l’arrivée de l’ambulance, le personnel soignant qui prend en charge Raphaël est choqué par les propos qui se tiennent autour de la scène du drame : ils sont d’une violence inouïe. Des applaudissements se font même entendre.
Une fois à l’hôpital, Stéphanie, l’épouse de Raphaël, doit supporter, de plus de l’immense douleur qui la frappe, les insultes et les cris de victoire des amis du motard hospitalisé mais beaucoup moins sérieusement touché « crève sale flic… fucking gendarme ».
Elle apprendra la mort de son mari par les cris des assassins : « on a buté un Blanc ! »
Ce dramatique accident et la brutalité des scènes qui l’ont accompagné ne sont malheureusement que l’illustration du climat local. Une partie de la population saint-martinoise entretient à l’égard de la métropole en général et des forces de l’ordre en particulier une haine farouche. Cette haine porte un nom, c’est le racisme.
J’affirme que certains élus locaux portent une responsabilité dans cet état de fait.
Le maire de Saint-Martin n’a pas eu un mot de compassion, pas un mot pour appeler au calme alors que la tension montait après le drame (insultes subies par les familles de la gendarmerie de Marigot par-dessus les grilles qui entourent leurs appartements, discussions virulentes dans les écoles entre les enfants issus de la métropole et les Saint-Martinois de souche).
Hier, mercredi, alors que la plupart des représentants locaux assistaient à la cérémonie militaire d’inhumation, il est symptomatique de constater que le maire n’était même pas présent.
Pour la mémoire de Raphaël et pour soutenir le combat qui débute pour Stéphanie, son épouse, je vous serais reconnaissant de relayer ces informations qui révèlent l’état d’esprit et la mentalité qui règnent dans certaines îles des Dom-Tom.
Si vous souhaitez plus d’information, je reste à votre disposition.
D’avance, je vous remercie.
Ph. Bouvier
À Saint-Martin, la loi n’est respectée par personne
Je suis à Saint-Martin depuis 7 mois. Avant que j’arrive, un gendarme avait reçu un coup de couteau, il a frôlé la mort. Son camarade était à terre et une pierre de dix kilos a été projetée sur son épaule. Ils n’étaient pas en service mais leurs agresseurs savaient qu’il s’agissait de gendarmes.
Il y a six mois, une course poursuite s’est terminée par la mort d’un gendarme auxiliaire et les blessures graves d’un gendarme de carrière.
Ici, on ne s’arrête pas aux injonctions des gendarmes. On fonce. Les trois derniers mois, au cours de différents services, j’ai pu constater ce fait.
Un véhicule m’a foncé dessus, deux autres l’ont fait sur mes collègues de patrouille. L’un d’eux a été touché à une jambe, sans gravité.
Dimanche dernier, un autre gendarme de ma brigade a subi le même traitement. Il a été broyé par une moto qui n’a pas voulu s’arrêter à ses injonctions. Vitesse estimée : 150-160 km/h. Il s’appelait Raphaël Clin. Il est mort.
Bien entendu, le motard n’avait pas de permis, sa moto trafiquée, de provenance inconnue n’était ni immatriculée ni assurée.
Accident stupide, risques du métier, fatalité. Tout est possible. Mais à Saint-Martin, la loi n’est respectée par personne ; dirigeants locaux en tête. Seules les prestations sociales les motivent à obtenir la nationalité française.
La haine du blanc et de l’État français nous est jetée à la figure quotidiennement, y compris sur nos épouses et nos enfants.
Pendant que Raphaël agonisait sur la chaussée, son collègue et les secours entendaient des horreurs, souvent proférées en anglais.
Un autre gendarme arrivé en renfort s’est vu confronté à un individu qui chantait la fameuse chanson de Bob Marley I Shot the Sheriff en remplaçant « sheriff » par « gendarme ».
C’est moi qui suis allé annoncer l’accident à Stéphanie. À l’hôpital où Raphaël vivait ses dernières minutes, une horde d’individus excités, gesticulants, proférant des menaces et se glorifiant d’avoir « eu » un gendarme était sur place. L’un d’eux a même été menaçant envers Stéphanie. À la brigade, après l’annonce du décès, « ils » sont venus à plusieurs au portail de service ou des familles. Cela a failli très mal finir. D’autres disaient à nos enfants que les blancs n’avaient rien à faire ici, qu’il fallait rentrer chez nous.
La situation est explosive. Nous ne travaillons plus depuis dimanche dernier. La brigade est fermée. On reprend demain, mais on ne s’expose plus et au moindre danger, on décroche. Nous sommes prêts à arrêter de travailler définitivement.
(…) Il est prévu que Sarkozy se déplace en mars. Je l’espère car le sous-préfet, ne s’est absolument pas manifesté. Il ne peut pas voir les gendarmes depuis que ces derniers ont arrêté son propre chauffeur qui organisait le vol de documents administratifs vierges pour le compte des Haïtiens et autres illégaux sur l’île.
Tous ces trafics sont tellement lucratifs…
Ceux qui ont croisé mon chemin dans les missions savent que les situations délicates voire dangereuses ne m’ont jamais fait peur. Mais ici j’ai peur pour nos familles. Et j’ai peur pour les familles qui vont être envoyées sur l’île, comme chaque année au moment des mutations.
Alors je vous demande à tous de dire autour de vous que ceux qui veulent aller dans les Antilles doivent bien réfléchir. Paris a déjà un manque énorme en volontaires pour cette destination ainsi que pour l’outre-mer en général.
Il faut que Paris comprenne que la chair à canon appartient aux livres d’histoire et qu’un gendarme doit être respecté, protégé. Sa famille a fortiori.
Je suis, nous sommes tous ici touchés par ce drame. Je ne parlerai pas de Raphaël en détail. Je dirai que c’est simplement une grosse perte pour la population. J’ai mis toute cette peine de côté pour écrire ce courrier. Je vous envoie ces mots pour que cette tragédie soit la dernière.
X. (gendarme, Saint-Martin).
« Je suis la femme du gendarme qui a été tué »
Bonjour. Je suis la femme du gendarme qui a été tué. Mon mari a été tué par un chauffard qui se livrait à un run (course de moto, à Bellevue). Pendant que mon mari agonisait, il y avait plus de quarante personnes autour de lui à l’injurier, à lui dire : « crève ! »
Le collègue qui était avec lui leur demandait d’aller chercher du secours. Pas un n’a bougé. Quand je suis arrivé à l’hôpital, il y avait plein de monde, des gens de la famille de ce chauffard. Ils injuriaient les gendarmes et quand on nous a dit que mon mari était mort, ils avaient tous le sourire et ils criaient victoire d’avoir tué un gendarme et de surcroît un Blanc.
Ces derniers jours, on a droit à des insultes même envers nos enfants. Une amie guadeloupéenne a entendu dire : « on veut qu’il y ait un gendarme par jour qui meure ».
Comment voulez-vous que l’île ne coule pas ?
Mon mari était un modèle d’intégration, un des rares gendarmes blancs à parler le créole. Même à Sandy Ground (quartier populaire à Marigot), les jeunes lui disaient : « T’es bien, le blanc ! »
C’était le mari le plus attentionné, le plus merveilleux et le papa le plus chouette au monde (il avait une belle petite fille de 4 ans) et croyez-moi, je ne le dis pas parce qu’il est mort, je lui disais tous les jours.
Voilà dans quelle souffrance il est parti. Bravo le racisme ! Lui qui ne savait même pas ce que ce mot voulait dire ! Il était juste et bon avec tout le monde. Merci de retransmettre ces messages…
Stéphanie Clin.
Requiem pour un adjudant
Quelque part en Guyane, sur la Mana à Saut-Sabbat, un coin que je connais bien, un adjudant de la gendarmerie nationale est mort noyé après avoir été précipité à l’eau par l’homme qu’il venait d’arrêter…
Un gendarme, père de famille, arrivé en Guyane depuis peu, quelques mois à peine que j’eus moi-même quitté ce département si lointain de la France d’Amérique du Sud.
Un homme que je ne connaissais pas.
Il était en opération de police judiciaire, comme nous en ordonnons chaque jour, en lutte contre l’orpaillage clandestin qui détruit et ruine cette partie de la forêt amazonienne dont la République a la charge.
À peine un article d’un correspondant local dans un grand quotidien du soir, et pratiquement rien d’autre… Pas de une dans les journaux télévisés, rien dans la plupart des autres quotidiens français, ni de déclaration officielle. Il était pourtant en service.
Depuis trois jours je scrute la presse sur le net : rien.
Une mort sans importance, inaperçue. Je reçois quelques messages, on sait mon attachement à la Guyane, la nouvelle court de mail en mail et tous me disent leur solidarité et leur colère, voire leur écœurement.
On venait il y a peu de métropole voir les opérations Anaconda et nos gendarmes sur le terrain dans la forêt vierge et la boue, tenter d’éradiquer l’orpaillage illégal, la prostitution et les règlements de comptes. Il y avait souvent avec eux le substitut du procureur de Cayenne que j’étais jusqu’il y a quelques mois. Je savais pour les avoir partagés, que ces moments d’action étaient parfois placés sous le signe du risque maximum.
Pirogues de gendarmerie éperonnées, tirs sur notre hélicoptère, menaces de mort… Ils faisaient malgré tout leur boulot, parce que c’était leur devoir et qu’ils croyaient que c’était pour le bien de la justice dans un pays qu’ils aimaient.
Un pays et un peuple que nous aimons même après les avoir quittés.
Rien de ce qui est guyanais ne peut plus nous être indifférent. Et surtout pas la mort injuste d’un combattant de la loi. L’Anaconda est en deuil.
Michel RedonSubstitut du procureur de la République en Guyane, chargé notamment des opérations Anaconda jusqu’en janvier 2005..