Droite au lard contre gauche caviar
Le Libre Journal n° 372 du 3 mars 2006, page 10.
À l‘appel des organisations de solidarité française et en présence de Bruno Gollnisch, plusieurs centaines de sympathisants ont bravé l‘interdiction préfectorale en se réunissant place de la Mutualité le jeudi 23 février pour la désormais traditionnelle soupe au lard des SDF.
La veille, à midi, tout semblait réglé. Présidente de l‘association Solidarité des Français, Odile Bonnivard, sortait de la préfecture de police de Paris avec, en poche, les autorisations dûment estampillées et signées. Les moindres détails de la manifestation avaient été réglés avec les autorités : après deux semaines de travail, quel soulagement pour les organisateurs !
À 18 h, patatras ! Le préfet, reniant sa parole, prenait un arrêté interdisant le rassemblement.
C‘est le lendemain matin qu‘Odile apprenait la chose. Quittant son domicile, elle était interpellée par deux policiers : « C‘est pour la manifestation de ce soir, elle est interdite, signez là ! »
Une heure plus tard, réunis dans l‘urgence, les animateurs de Solidarité des Français prenaient leur décision : on passe outre !
Mais toute l‘organisation était à revoir.
Trois avocats sympathisants sont donc mobilisés pour engager un «référé liberté». Las, faute de temps, il ne pourra finalement pas être sanctionné par le juge. Interdit pour interdit, la décision est donc prise de «mettre le paquet». C‘est une soupe géante que l‘on va servir.
Mais le risque est grand, les médias s‘étant empressés de publier le Verbot ! préfectoral, que bénéficiaires et sympathisants manquent à l‘appel.
Une organisation clandestine est alors mise en place :
réquisition d‘une voiture inconnue de la police ;
emprunt d‘un téléphone que les Renseignements généraux n‘ont pas sur écoute faute d‘en connaître le numéro ;
remaniement du déroulement de la soirée.
À 17 h, une visite devant la Maison de la Mutualité permet de constater que le coin est bouclé : on ne passe pas ! Les grands axes sont barrés, les voitures sont fouillées, les passants contrôlés. Entre la rue Saint-Jacques et la rue Monge, près de quatre cents policiers et gendarmes mobilisés. C‘est Alger aux barricades.
Tout ça pour empêcher des clochards de manger une soupe chaude sous prétexte que des musulmans n‘en voudraient pas !
À ce niveau de connerie et de lâcheté, il faudrait inventer un prix Papon pour les préfets.
À 17 h 30, la voiture « banalisée » chargée du matériel et de la soupe arrive sur place. Le matériel discrètement déballé est mis en place pendant que les policiers, probablement écœurés par le sale rôle qu‘on entend leur faire jouer, regardent ailleurs. Plus de quarante militants et bénévoles de l‘association SDF sont rejoints par ceux de Solidarité alsacienne (Strasbourg), Renaissance sociale (Belgique) et Soulidariéta (Nice).
À 19 h 30, bravant l‘interdiction, près de trois cents personnes envahissent la place Maubert à deux cents mètres du lieu de rassemblement initial.
Surpris par le changement de lieu, le nombre de manifestants, leur rapidité de regroupement et sans doute gênés par la présence de Bruno Gollnisch, député européen, les responsables policiers doivent se résoudre à laisser le service se dérouler. Les bols circulent. Les cochonnailles, le vin de pays, tout est partagé. Beaucoup de SDF arrivent, ambiance de soupe populaire géante…
Odile Bonnivard juchée sur le toit d‘une voiture, mégaphone à la main dénonce l‘interdiction du préfet Mutz : « qui préfère un SDF mort de froid à un SDF nourri de soupe au lard et qui, je vous le dis, n‘en a pas fini avec nous. On n‘est pas encore en terre d‘islam ! »
« Regardez dans la rue, ajoute Odile, jamais un Asiatique ! Pourquoi ? Parce que leur esprit de communauté est fort et efficace et qu‘ils n’ont aucun scrupule à s‘aider entre eux. Eh bien nous, nous aidons les nôtres avant les autres. Si les politiciens nous persécutent, c‘est qu’ils ont peur. Peur de cet esprit d‘entraide communautaire que nous sommes en train de renouer. Nous voulons rester nous-mêmes : pas question de se laisser dissoudre dans une masse informe et homogène ! Voilà ce qui les dérange ! Ils ont la rage de détruire notre identité, mais on ne les laissera pas faire ! »
Applaudissements, cris de soutien, les drapeaux flottent, les banderoles sont tenues bien haut.
Le slogan de la soirée fuse : « Première, deuxième, troisième génération ! On est tous des mangeurs de cochon ! »
Chantal Spieler, pour Solidarité alsacienne, rejoint Odile sur le toit de la voiture, son intervention est tout aussi ferme : « À Strasbourg, la police interdit chaque semaine la soupe au cochon. Et chaque semaine, la soupe est distribuée. On ne baissera pas les bras. »
Dominique Lescure, pour Soulidariéta de Nice, martèle à son tour cette volonté d‘aider les nôtres avant les autres.
Venu de Belgique pour Renaissance sociale, Georges Hupin, explique qu‘outre-Quiévrain, la police n‘est pas hostile : « Ils nous protègent, ce n‘est pas comme ici. À Charleroi et Bruxelles, les soupes au cochon font le bonheur de dizaines de SDF, chaque semaine et on continuera, parce que ça répond à un vrai besoin d‘entraide européenne. » Hilde de Lobe, député du Vlaams Belang explique qu‘à Anvers : « la soupe au cochon est distribuée tous les dimanches, parce que les associations officielles sont fermées. Ces gens doivent penser que les SDF ne mangent pas ce jour-là ! »
Enfin Bruno Gollnisch à qui son écharpe de député n‘a pas fait oublier les joies simples du militantisme de terrain, dénonce l‘atteinte aux libertés que constituent ces persécutions et apporte son soutien à ces actions populaires.
Le délégué général du Font national est acclamé. Les policiers en civil font preuve de discrétion. La manif se disperse sans trouble. Au passage, un policier en uniforme glisse un mot à l‘oreille d‘un militant : « Nous sommes avec vous ! »