Reins chinois cachères
Le Libre Journal n° 378 du 18 mai 2006, page 14.
Cinquante-six mille euros. C’est le prix d’un rein prélevé sur un cadavre de condamné à mort en Chine et greffé sur un receveur européen.
En l’occurrence israélien puisqu’Israël est l’un des seuls pays civilisés à rembourser les greffes d’organes pratiquées à l’étranger.
Le motif est purement ethnico-religieux : les Juifs n’acceptent pas le dépeçage des cadavres (des cadavres Juifs, bien sûr, parce que pour les goyim, ils s’en foutent).
Résultat : 60 % des familles s’opposent à des prélèvements sur leurs proches décédés (en France, la proportion est moitié moindre) et 4 % des Israéliens seulement portent sur eux la fameuse carte de donneur qui accorde le droit de prélever un organe en cas de mort accidentelle. Les receveurs doivent donc faire appel aux stocks étrangers.
Jusqu’à présent, c’est surtout d’Afrique du Sud et de Colombie que les reins étaient importés, les médecins de ces pays acceptant de prélever des organes sains vendus par leurs propriétaires (voire de prélever des organes sur des personnes enlevées par des mafias spécialisées). Depuis quelque temps, la Chine a emporté le marché en instaurant sous contrôle de l’administration communiste une nouvelle industrie du dépeçage des condamnés à mort sur le terrain même de l’exécution.
Le système est parfaitement au point : une unité chirurgicale mobile stationne à proximité du poteau et les cadavres sont immédiatement dépecés. On prélève les reins, le foie, les yeux, les tissus (mais pas le cœur qui ne se conserve pas plus de quelques heures) et ces pièces détachées sont immédiatement emportées vers les hôpitaux ou les touristes médicaux attendent des greffes.
D’après Amos Kanaf, président de l’Association des malades du rein interrogés par Le Monde, « une vingtaine d’Israéliens en attente d’une greffe se rendent chaque mois en Chine ». Les malades paient comptant et sont remboursés par les organismes sociaux israéliens qui acceptent cette solution en raison de la forte pénurie de donneurs dans ce pays.
La version officielle est que ces organes sont prélevés sur les trois mille accidentés qui trouvent la mort chaque semaine sur les routes de Chine.
La vérité tolérée est que les organes sont, en grande majorité, prélevés sur des condamnés à mort détenus dans la véritable banque d’organes qu’est devenu le camp de concentration de Sujiatun. Selon des témoignages
Selon des témoignages (notamment de l’ex-épouse d’un spécialiste du prélèvement des cornées) et des enquêtes menées par des journalistes chinois travaillant clandestinement pour la presse japonaise, accablants, les organes sont prélevés de manière systématique sur des détenus encore vivants et à peine anesthésiés.
Ce sont pour la plupart des adeptes du Falun Gong dont l’ancien n° 1 chinois Jiang Zemin disait : « Aucun moyen n’est trop extrême pour éradiquer le Falun Gong. »
Le Falun Gong, appelé aussi Falun Dafa, est une méthode bouddhiste de méditation et d’exercices, dont les enseignements soulignent l’importance de vivre selon les trois principes de l’authenticité, la compassion et la tolérance. Prenant son origine en Chine, le Falun Gong est aujourd’hui pratiqué dans plus de 70 pays. Le gouvernement chinois ayant estimé que cent millions de gens en Chine pratiquaient le Falun Gong, en juillet 1999, le Parti communiste chinois a lancé une violente campagne à l’échelle nationale pour « éradiquer » la pratique. Le Centre d’information du Falun Dafa a pu documenter la mort de 2 747 personnes et plus de quarante-quatre mille cas de torture. Des millions de personnes ont été détenues ou envoyées dans des camps de travaux forcés.
D’après un site internet en chinois sur des questions de santé, le nombre total de greffes du foie en Chine a presque doublé chaque année depuis 2000. Aujourd’hui, le Centre d’assistance du Réseau de transplantation international de Chine se vante de pouvoir trouver en seulement 1 à 4 semaines un donneur compatible pour une greffe du foie. Si le premier organe fourni ne convient pas, un autre organe peut être fourni en une semaine. Pendant ce temps, des centaines, voire des milliers de témoignages envoyés par la famille de pratiquants de Falun Gong en Chine disent qu’une fois leurs proches enlevés par la police, ils n’ont plus du tout de nouvelles. Où sont-ils ?
Interrogés sur leur sentiment à l’égard de ces méthodes, les receveurs ne succombent pas à la tentation de la repentance : « Ils sont déjà condamnés à mort. Que leurs organes soient utilisés après leur décès pour sauver quelqu’un, cela ne change rien pour eux ».
Ou encore : « L’idée que mon rein provient peut-être d’un condamné à mort ne me pose aucun problème moral. Les gens qui sont condamnés à mort en Chine le sont pour une raison : ce sont des criminels ».
Le seul à avoir, semble-t-il, des états d’âmes, c’est Avraham Steinberg, directeur de l’unité d’éthique médicale à l’hôpital Shaare-Zedek de Jérusalem.
Il propose pour pallier la pénurie d’abroger la loi interdisant l’achat d’organes et d’organiser un système de rémunération des donneurs.
Ainsi les avantages pécuniaires feraient taire les scrupules religieux et ethniques.
« Ce serait beaucoup plus moral que de laisser les Israéliens aller se faire greffer des reins en Chine »
« Moral », voilà, c’est justement le mot qu’on cherchait.