Les drôles de fréquentations du commis-voyageur du métissage

Le Libre Journal n° 378 du 18 mai 2006, page 12.

L’obligatoire propagande métisseuse et les nécessités de la « promotion » ramènent ces temps-ci sur les écrans de télé et aux micros des radios la bouille faussement bonhomme et la gouaille artificielle du vieux gamin vicelard qu’est Pierre Perret.

Cette fois, il vient nous fourguer un produit hyper-branché, après la musique fusion et la cuisine fusion : la partouse fusion.

Et Perret de se faire rabatteur : « Femme pleine de grâce / Quand l’étranger à l’entour / De ta maison passe (Ah ce « ta maison passe » quelle réussite poétique. On dirait un vers oublié de « Prosper-Yop-la-Boum ! » le refrain à succès de Maurice Chevalier qui fit la gloire des macs d’avant-guerre) / Noir Blanc juif ou Berbère (tiens, les Arabes sont exclus ?) / Laisse ton cœur désigner / Celui qu’il préfère. /Mélangez-vous, mélangez-vous, / Quand tout’ les peaux finiront / Par se ressembler / Mélangez-vous, mélangez-vous / Un jour les homm’ sauront / Même plus sur qui taper… / C’est de la haine que tout’ les femmes / Vont nous sauver / Par elles que le racisme enfin / S’ra délesté de sa tenac’ peau de chagrin. »

Les amateurs de pataquès goûteront la confusion entre « tunique de Nessus » et « peau de chagrin » commise par ce « lexicographe populaire » qui ignore visiblement que la peau de chagrin est justement un tissu qui tend à rétrécir…

Mais la vraie question que pose ce retour sous les projecteurs de l’auteur immortel du Tord-boyau et du Zizi, c’est de savoir si, une fois de plus, Perret va nous ressortir la fable de son « amitié » avec Paul Léautaud.

L’implacable Marc Nabe écrit à ce propos : « … l’imposteur Pierre Perret, devenu le spécialiste mondial de Léautaud parce qu’il l’a croisé deux fois (…) ce démago au visage plissé de méchanceté (…) On ne dira jamais assez que Pierre Perret est un vieux lutin bouffi de fausse tendresse et de vraie vulgarité, et qu’il n’a pas le droit de toucher à Léautaud ! »

Voilà qui est envoyé. On peut simplement regretter que le pamphlétaire ait oublié un détail qui donne tout son sel à l’histoire.

Perret connaît tellement bien Léautaud qu’il ignore manifestement un des traits les plus marquants de sa personnalité : un antisémitisme furibard qui le poussa, lors de la fameuse souscription pour le monument au Colonel Henry, accusateur de Dreyfus, à souscrire « pour louer un wagon d’exportation des Juifs… »

On pourrait croire à une mauvaise provocation du vieux misanthrope si Léautaud n’avait pas, dans d’autres circonstances, manifesté la profondeur de ses exécrations.

Le 17 janvier 1941, il écrit dans son journal : « Le juif ! Habile à s’assimiler, à démonter, à démarquer. Toute l’œuvre de Suarès montre le juif. Ce talent qu’il a pour donner l’impression de la profondeur. Le Sémite, toujours. » En juillet 1940, il prophétise : « Je crains bien que les juifs soient un peu mis à l’écart, eux qui étaient partout, dans les plus hautes fonctions. » Mais cette « crainte » est plutôt un vœu car l’ermite de Fontenay-aux-Roses ajoute : « Voilà ce que c’est que d’abuser, de se croire les maîtres du jour au lendemain, par exemple le ministère Léon Blum, avec ses 35 juifs, rien que cela. Voilà ces messieurs reportés soixante ans en arrière, et leur empressement à déguerpir n’arrangera pas leurs affaires. »

Enfin, le 31 août 1947 l’écrivain qui, pendant l’Occupation a donné de la copie au Cahier jaune, mensuel de l’Institut d’étude des questions juives et fréquenté le salon où Florence Gould reçoit avenue Malakoff la fine fleur de la collaboration intellectuelle (Paulhan, Marcel Arland, Jouhandeau, Bonnard, Van Dongen, Vlaminck Jean Dubuffet, Braque, etc.) a ce cri qui, aujourd’hui, le conduirait directement devant la XVIIe. « Je suis absolument insensible à ces histoires de déportés, de camps allemands, de wagons à gaz, de juifs dans des “bateaux-cages” absolument sans intérêt pour moi. »

On aimerait voir la tête du « vieux lutin bouffi de fausse tendresse et de vraie vulgarité » si un journaliste de télé ou de radio avait le culot de troubler son petit numéro de représentant-placier en antiracisme, en lui demandant de dire ce qu’il pense vraiment de cet aspect de l’œuvre de son « ami et maître » Léautaud…